par Roxanne Gingras, M.A.
Historienne de l’art
La
démarche artistique de Sandy Cunningham est axée sur une intention de
réapprendre à observer la nature, le ciel et la vie animale. Sa volonté
théorique réside dans l’idée de faire renaître notre liberté instinctive primitive reliée à la nature, puisqu’elle fournit un ensemble d’enseignements à l’humain. C’est
en se basant sur la cohabitation et la cohésion entre l’homme et la nature de
même que l’existence de la mythologie puis des contes, créées pour expliquer
les phénomènes naturels, que la peintre réalise les fondements de son travail.
Pour
y arriver, elle décline sa pratique en quelques séries, par lesquelles elle
bonifie leur contenu au moyen de la littérature, de l’imaginaire et
d’observations remarquées durant ses voyages ou dans ce qui l'entoure, dans le but
de créer un ensemble soutenu ; riche en symboles et en propos. Suite aux
recherches effectuées en amont de ses créations, Cunningham propose un univers déconstruit
où se côtoient figuration et abstraction en textures variées (dessin, spatule,
collage et peinture – l’utilisation de l’acrylique est plus fréquente). À travers une
composition harmonieuse et dynamique, elle travaille en superposition de plans,
en liant chacun de ces derniers au moyen d’une suite logique d’éléments phares relatifs
aux thèmes étudiés et explorés.
L’un
de ses objectifs est d’extirper le regardeur de l’emprise de la vie moderne de
manière à le conscientiser sur ses propres actions à l’égard du monde végétal
et animal. En partant du principe que la nature réagit en symbiose avec
l’homme, Cunningham privilégie une approche artistique stimulant une réflexion
chez l’observateur, afin que ce dernier développe un respect profond envers la
nature.
Elle explore l’univers des mythes et des légendes car c’est en
observant l’écosystème que depuis des millénaires les mythes et les légendes
ont expliqué les vérités sur l’univers, le cycle de la vie, l’homme et les
phénomènes naturels. L’artiste les étudie, car ils sont l’expression d’une
pensée mise en mots et en images afin de perdurer dans le temps et d’enseigner
aux générations suivantes leur savoir, leurs traditions et les leçons de la
vie.
Les
végétaux natifs des terres ont une très grande diversité et ont tous des propriétés
différentes ; chaque arbre et plante offre des soins particuliers
(médicinaux, alimentaires, etc.). Sous nos yeux, mais parfois invisibles pour
la plupart des gens, ils persistent à maintenir l’harmonie et l’équilibre de l’écosystème.
S’inspirant de leurs couleurs, leurs textures et leurs formes propres à chacun,
l’artiste peint la flore en parfaite fusion avec l’être humain.
Ici,
le fil conducteur consiste à travailler l’imaginaire et le pouvoir d’interprétation
des différentes conceptions littéraires des Contes
merveilleux écrits par entre autres Perreault et les frères Grimm. L’idée
générale des contes est reprise par l’artiste pour mettre sous la loupe le ou les
messages véhiculés ainsi que ceux insinués. De fait, dans l’écriture se
glissent plusieurs allusions aux mœurs et aux querelles d’une époque, ce qui
permet à Cunningham d’exprimer le second degré, et ce, à partir de ses propres observations.